Dire que a vie de l’Église est une vie de combat, c’est dire une vérité banale et universellement reconnue. L’Église, par le fait même qu’elle est l’Église, et le monde, en tant qu’il est le monde, doivent vivre nécessairement dans une perpétuelle opposition.
L’Église est la dépositaire des enseignements du Ciel ; le monde est la personnification de toutes les tendances grossières de la terre. Ce sont comme deux pôles opposés, avec deux centres de gravitation pareillement opposés. Ils jugent d’après un criterium opposé, et ont un but diamétralement opposé. Leurs maximes, leurs œuvres et leurs fins devront donc être nécessairement opposées. Le Sauveur a formulé cette opposition dans une phrase fort simple, mais d’une grande portée : « Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l’esprit est esprit. (1) » Il y a entre l’Église et le monde la même opposition qu’entre la grâce et la nature corrompue de chacun de nous.
La lutte continuelle de notre cœur est, dans une sphère plus restreinte, l’image et la reproduction de la grande lutte du genre humain. Donc pour l’Église comme pour le chrétien, la vie est un combat : vivre, c’est combattre.
Don Sarda y Salvany – Le mal social, ses causes, ses remèdes.
1 : Quod natum est ex carne, caro est; et quod natum est ex spiritu, spiritu est (Joan., III, 6)