Nous avons constaté que bien des personnes se lassent ainsi d’attendre la réalisation des prophéties et que, les voyant trop de s’accomplir à leur gré, bien qu’elles mêmes tardent encore plus de se convertir et qu’elles posent en réalité le principal obstacle à un prompt retour de la paix et des jours prospères, elles rejettes ces oracles divins et n’en veulent plus entendre parler. Ces personnes pèchent-elles par cet acte d’incrédulité ? l’acte d’incrédulité aux prophéties modernes est de soi chose indifférente, vu que l’acte de foi aux vérités révélées dans les livres saints et la tradition est seul commandé sous peine de péché.
Mais comme rien ne nous garantit absolument que dans tel ou tel cas particulier l’inspiration soit venue de l’esprit de Dieu, les prophéties modernes ne peuvent, en ce sens, prétendre qu’à un acte de foi purement humain de notre part et qu’il nous est loisible d’accorder ou de refuser. Néanmoins, si quelqu’un rejetait en général, et sans distinction aucune toutes les prophéties en dehors de celles des livres saints, ce serait nier par là-même la permanence du don de prophétie dans l’Église, et se rendre ainsi indirectement coupable d’incrédulité devant Dieu.
Enfin nous interpréterons utilement les prophéties en les recevant comme un don de surérogation du seigneur, en tant que surcroit de direction et comme encouragement à la ferveur, ou à la conversion du moins. Certes elles sont imprudentes et de tous point blâmables, les personnes qui mettent de côté les lois de la raison et les enseignements de la foi pour s’attacher uniquement à ce qu’elles s’imaginent voir et entendre dans telle et telle prophétie dont elles sont engouées. C’est négliger le principal et s’appuyer sur l’accessoire ; c’est être infidèle à l’avis du Divin Maître » de ne pas être trop inquiet, et de se contenter de porter la peine de chaque jour ».
Abbé Curicque – Voix prophétiques, T1., p. 35